Go to main content

HI, co-prix Nobel de la Paix, révoltée par la décision annoncée de l’administration Trump de relancer l’utilisation des mines

partager

Réduction de la violence armée | PUBLIÉ LE 3 février 2020
Remise du Prix Nobel de la Paix, à la Campagne internationale contre les mines, Oslo, Décembre 1997

Remise du Prix Nobel de la Paix, à la Campagne internationale contre les mines, Oslo, Décembre 1997 | © ICBL

L'administration Trump devrait annoncer aujourd’hui un changement de politique assassin sur les mines antipersonnel

L'administration Trump devrait annoncer aujourd’hui un changement de politique assassin sur les mines antipersonnel, autorisant de fait les États-Unis à reprendre la production, l'utilisation et le stockage de mines antipersonnel. Les mines sont des armes dévastatrices, activées par les victimes, qui ne font pas la différence entre le pied d'un enfant et celui d'un soldat. HI, organisation co-fondatrice de la Campagne internationale contre les mines (ICBL), prix Nobel de la Paix 1997,dénonce un recul historique pour la protection des civils dans les conflits armés.

  • « L’annonce à venir de l’administration Trump sur les mines antipersonnel est une condamnation à mort pour les civils, déclare Jeff Meer, directeur exécutif de HI aux États-Unis. Il y a des actes de guerre qui sont simplement en dehors de toutes règles, les mines entrent directement dans cette catégorie ! »
     
  • Les Etats, même les superpuissances, ne doivent jamais utiliser ces armes en raison des blessures et des souffrances inutiles qu'elles causent. Ces armes peuvent être aisément remplacées par d'autres moyens qui ne tuent pas et ne mutilent pas les civils de manière aussi significative et indiscriminée.
     
  • Cette décision de l’administration Trump, si elle se confirme, constituera un revirement radical par rapport à l'engagement pris par le président Obama en 2014, qui avait rapproché les États-Unis du respect de la convention d'Ottawa de 1997, connue sous le nom de Traité d'interdiction des mines. Avec la décision du président Obama, la péninsule coréenne constituait une unique exception, en raison de l'utilisation continue de mines dans la zone démilitarisée.
     
  • Selon les dernières informations, la politique décidée par l’administration Trump stipule qu'une nouvelle mine antipersonnel, en cours de développement, se désactiverait au bout de 30 jours, pour la rendre plus sûre. « Nous sommes très préoccupés par la soi-disant "intelligence" de toute arme alors que nos équipes voient sur le terrain comment des armes commercialisées comme "précises" et "intelligentes" blessent, mutilent et terrorisent quotidiennement des civils dans le monde entier, déclare M. Meer. L'idée que les mines dites "intelligentes" seront plus sûres que les anciennes est absurde. Qui expliquera à la mère d'une fille victime que 20 jours n'étaient pas suffisants avant de jouer au football dans une ferme vide ? Qui expliquera le "taux d'échec acceptable" des mines intelligentes au père d'un jeune garçon mutilé alors qu'il traversait une forêt pour aller à l'école ? »
     
  • Les États-Unis sont l'un des rares pays à n’avoir pas encore adhéré au Traité d'interdiction des mines antipersonnel de 1997, avec la Chine, l'Égypte, l'Inde, Israël, le Pakistan et la Russie. Cependant, depuis près de 30 ans, les États-Unis s'abstenaient d'utiliser ou de commercialiser des mines terrestres antipersonnel.
     
  • 164 États sont parties au traité, ce qui fait de l'interdiction des mines antipersonnel une norme universelle du Droit humanitaire international.
     
  • « Les États-Unis affirment que la protection des civils est au cœur de leur politique de défense, note Alma Taslidžan Al-Osta, responsable du plaidoyer pour le désarmement et la protection des civils chez HI. Depuis quatre décennies, HI a documenté les effets indiscriminés des mines sur les civils. Ce recul annoncé sur les mines terrestres est donc en contradiction avec la politique américaine actuelle. »
     
  • De plus, ce changement de politique enverrait un signal très négatif, en donnant essentiellement un chèque en blanc aux États ou aux groupes désireux de poursuivre ou d'étendre l’utilisation des mines, qui avait considérablement diminué après l'entrée en vigueur du traité d'interdiction des mines.
     
  • L’expérience de HI en matière de déminage et de prise en charge des survivants de mines permettent d’affirmer qu'aucune utilisation de cette arme n'est sans danger. « Nous nous opposons dans les termes les plus forts à l'idée que les commandants militaires se sentent habilités à utiliser des mines, note M. Meer. La mine la plus sûre est celle qui n'est jamais produite. »
     
  • HI travaille avec ses partenaires de la Campagne internationale pour l'interdiction des mines antipersonnel (ICBL) afin d'encourager les autorités américaines à revenir sur ce plan meurtrier dans les mois à venir.
     
  • « Ne vous y trompez pas, c'est un véritable retour en arrière, ajoute M. Meer. Cette évolution importante et négative est un coup de tonnerre pour les milliers de personnes qui ont survécu aux mines, ainsi que pour les familles et les amis des centaines de milliers de personnes qui n'ont pas survécu. »
     
  • HI gère ou soutient des projets visant à minimiser l'impact des mines sur les civils dans des dizaines de pays, en restituant des terres aux communautés grâce au déminage, en apprenant aux gens à repérer, éviter et signaler la présence des restes explosifs de guerre grâce à la sensibilisation aux risques, et en apportant soutien et soins aux victimes des mines. L'organisation s'emploie à accroître la visibilité des victimes des mines et de leurs communautés, afin de rappeler au monde le fléau des mines terrestres.

Traité d’interdiction des mines

Le Traité d’Ottawa interdit l'acquisition, la production, le stockage et l'utilisation des mines antipersonnel. Le Traité a été ouvert à signature le 3 décembre 1997. Il est entré en vigueur le 1er mars 1999. 164 sont États parties au Traité. 1 Etat – les Îles Marshall – en est signataire.

Plus d'actualités